Cajon

Mes récentes recherches me permettent de proposer la fabrication d'un cajun

Mes récentes recherches me permettent de proposer la fabrication d’un cajon

Voici la face arrière

Voici la face arrière

Dum dum s tac s tac s dum dum s tac. Mounir déroulait un thème rythmique.
Il fit rouler le rythme deux fois rapidement sur la peau de la darbouka, puis deux fois très lentement.
— Allons-y, doucement : Dum tac tac doum tac dum tac tac doum tac dum tac tac doum tac.
……
— Je préfère jouer ainsi, assis sur un siège, pour me surélever un peu et placer le creux de ma darbouka sur la courbure de ma cuisse gauche. L’instrument s’immobilise sur l’autre jambe et contre ma hanche. Ma main droite, paume sur la bordure, produit les dum, les sons graves, au centre du cercle de peau et les tac, les sons aigus, sur le rebord. Alors que les doigts de ma main gauche produisent des percussions d’ornement en tambourinant sur la périphérie. Une chiquenaude appliquée au centre de la peau tendue sert à marquer le début des longues périodes, les changements de rythmes ou de mouvements —
Il fit tourner plusieurs cycles et reprit :
— Une des qualités d’un bon musicien consiste à placer exactement les dum et les tac dans la métrique du morceau. On pratique aussi dans mon pays, le Daf, un tambourin assez profond et le riqq équipé de cymbalettes, disposées en 5 points sur la périphérie. Parce que cinq est le symbole de l’Islam. Les cinq moments de la prière pendant une journée, les cinq âges de l’homme, les cinq piliers de l’Islam.
Ces instruments servent généralement à accompagner les événements populaires, dont la danse —

Darbouka, cajun, des analogies.

Darbouka, cajon, des analogies.

…….
Un autre monde tournait autour de nous.
D’une grande discrétion, Mounir, le seul musicien du stage muni de son instrument allait se cacher au fond du parc pour éviter de nous importuner. Mais nous aimions nous laisser emporter par cette rythmique envoûtante qui nous pénétrait. Nous le rejoignions et nos corps se mettaient en vibration, progressivement lorsqu’ils entraient en résonance avec la percussion.
……..
Les rythmes que Mounir réalisait sur les objets qui tombaient sous ses mains se chargeaient d’un souffle dynamique et ensorcelant. Il frappait indifféremment avec la paume, le plat ou les doigts, tantôt au centre de l’objet sonore tantôt sur la périphérie. Les sons qui résultaient de sa gestuelle s’épanchaient dans nos cœurs de manières surprenantes et totalement inconnues de notre culture. Ils invitaient à la danse, qui naît des frémissements d’une flamme douce, à peine chaude, puis qui devient vive et brûlante, capable de nous faire vibrer. Quand on entrait dans son jeu, il nous était difficile d’en sortir, prisonniers d’un sortilège.
— Maintenant, on va tenter un 6/8.
Comme nous avions du mal à le suivre, pour la plupart d’entre nous, d’un mouvement vif du bras, il mit fin à notre débandade vocale.
— Bien — fit-il d’un ton apparemment calme mais qui dissimulait mal son mécontentement.
Je l’entendais dans mon imagination — C’est mal parti, ça ne va pas être du gâteau ! —
Alors, nous allons essayer autre chose, déclara-t-il en se ressaisissant.
— Répétez, avec moi : Pa-a ris Pa-a ris c’est la vie c’est la vie.
Avec le plus grand sérieux du monde, nous reprîmes ces paroles incantatoires sur la rythmique du 6/8.
— Pa-a ris Pa-a ris c’est la vie c’est la vie
Et la darbouka enchaîna, en boucle :
— Dum s tac dum s tac ta ta tac ta ta tac Dum s tac dum s tac ta ta tac ta ta tac …
Chacun finit par ajuster ses propres onomatopées sur les sons immuables du tambour arabe.
Un cri de joie ponctua le roulement d’annonce de la fin du morceau. Des visages épanouis, des yeux remplis de fierté et de reconnaissance encerclaient Mounir.
Tonio, originaire d’Italie, murmura, pour montrer qu’il comprenait la leçon de percussion :
— Ro-o ma Ro-o ma Na po li Na poli Ro-o ma Ro-o ma Na poli Na po li —
Pour ne pas être en reste, Juan prit le relais avec sa ville natale :
— Hues-ca Hues-ca A ra gon A ra gon —
Dans un délire de fête, en dansant sur place, on enchaîna les trois propositions les unes à la suite des autres sur les dum et les tac de Mounir qui fermait les yeux en jouant, pour mieux se concentrer. A peine dessiné, un sourire sur ses lèvres.

La darbouka secoue l’air et nos cœurs et nos corps avec une telle intensité qu’il me suffit de fermer les paupières, de la chercher un peu dans la nuit des mes souvenirs pour que je l’entende encore. Longtemps après, un murmure entre en moi et me fait frissonner. L’eau de mes yeux se regroupe en larmes nostalgiques, elles attendent un peu sur le bord avant de tomber dans l’oubli.

Extrait de « A chaque aube, je nais » de Michel Pignol

Mes cadeaux de Noël aux musiqiens, adultes et enfants de ma famille.

Mes cadeaux de Noël aux musiciens, adultes et enfants de ma famille.

Je prépare à votre intention le mode opératoire qui vous permettra de fabriquer vous-même une telle percussion : dimensions, bois, timbre, traitement de surface, … A BIENTÔT !